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Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding from
University of Toronto
http://www.archive.org/details/simrevuemusicale190951pari
BULLETIN FRANÇAIS 1>E LA
I
SOCIÉTÉ INTERNATIONALE DE MUSIQUE (Section de Paris
ANCIEN MERCURE MUSICAL P
DANS CE NUMÉRO
j
LETTRES INEDITES D'EMMANUEL CHARRIER, communiquées par R. BRUSSEL - ^ CANTIQUE DES CANTIQUES DE PIERRE DE COURCELLES, publié par A. VAN BEVER | LES FORQUERAY {suite et fin), par LIONEL DE LA LAURENCIE ^ L'HYGIEN DU VIOLON (suite), Dar LUCIEN GREILSAMER ^ LE MOIS ^ NOS ECHOS
par LUCIEN GREILSAMER A V OPÉRA, Croquis d'AWum par BILS
TÉLÉPHONE 222-65
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
6, CHAUSSÉE D'AN TIN, PARIS
Fkamcx. Uoan. 10 ix EnuxcuiK. — 15 » Le Numéro ... la
s. I. M.
1909
TABLE DES ARTICLES
Allix (G.) ' /
Bibliographie 712
Le Mois . . ^ 383
Ansermet (E.)
La Musique en Suisse Romande 874
AuBRY (G. Jean)
Bibliographie 313^ 817
Claude Debussy en Angleterre 262
Lettre du Havre 707, 968
Barrere (G.)
Le Mois 1043
Baudin (Georges)
Notes juridiques 463, 789
Bertha (A. de)
Bibliographie . . . . . . , . . . , . . . 207
Ch.-V. Alkan ■ "• i35
Joseph Haydn 430
Bever (A. van)
Le Cantique des Cantiques de Pierre de Courcelles 13
Bibliographie , . . . 206, 309, 410, 502, 712, 817, 889
BouLESTiN (X. Marcel)
Lettre de Londres 396, 700, 703, 962
Bouvet (Charles)
La Musique en Angleterre du XVP au XVHP siècle . . . . . . . . 671
Brenet (Michel)
Bibliographie 319^ 893
Stendhal, Carpani et la vie d'Haydn . 430
2 S. I. M.
Bricqueville ^E. de)
Notice historique sur la Vielle ... 723 827
Brussel (R.)
Lettres inédites d'Emmanuel Chabrier . . . , • '. ;'\, . . . i irt
' _ ,' .' pAî:yioc(5REssi.(WP.-*f/'.)'
Les idées d'Edgar Poë sur la Musique .,•.'.'... 148
Le Mois ,','...'. . .^ ^ 487
j . .• ';■ ÇjiR'îAU'o'fô^STo'rf)
Le Mois . . . .'.*•'. . . . . . . , . . . ç2ç^ 1036
C. D.
Le Mois. jj
Chantavoine (Jean)
Notes de bibliographie Beethovénienne 550
Clarisse.
Les Music-Hall 1018
Cobbett (W. W.)
Echos 508
Collet (Henri)
Lettre de Bordeaux 882
Lettre de Madrid 704
Nécrologie : Isaac Albeniz ............. 716
Nécrologie : D.-Federico Olmeda 420'*
CuRZON (H. de)
Le Mois 91
E. Reyer ^1823-1909) 164
La Saison a Monte-Carlo 288
Daubresse (M.)
La Mémoire Polygonale et la Musique 449
Dauriac Les Livres 1054
Denon (Vivant) Revue de la Presse 301, 495, 677, 799
ECHOB
Echos . 102, «24, 414, 508, 624, 718, 808, 976
TABLE DES ARTICLES 1909 3
ECORCHEVILLE (JULES)
Bibliographie 206, 210, 218, 315, 318, 502, 880, 894
Le Congrès de Vienne 755
Echos 808, 815
Les Livres ................ 973
Le Mois . 76. 89, 193, 195, 476, 871, 886
La Musique des Rois d'Angleterre 930
Le Professeur Hugo Riemann. ............ 823
Un Sermon Wagnérien .............. 364
F. G.
Le Mois .............. 86, 190, 193, 197
F. L.
Le Mois 187
G. A.
Le Mois 85, 194, 294
Gandillot (L.)
Euterpe Ambigua çio
Gastoue (AmÉdée)
L'Edition Vaticane ............... 1024
Un Congrès de chant grégorien ............ 794
G. M. Echos 807
Greilsamer (Lucien)
L'Hygiène du violon . . . . 67, 375, 473, 664
Concours International de Lutherie ........... 174
Griveau (Maurice)
Impressions Musicales d'enfance . 652
GUERIN (H.)
Le Mois . , . 87, 196
H. P.
Echos . . . . 809
Indy (Vincent d')
Le Quatuor à cordes , 231
' Ingram-Bryan (D' F.)
Lettre du Japon 946
4 S. I. M.
Intérim
Le Mois • • 199
J. D.
Le Mois . . . . ■ ' • • • • 885
Knosp (Gaston)
Bibliographie 41°
Chopiniania .........••••••• 37°
Laloy (Louis)
Années de jeunesse, recueil inédit de Moussorgski 286
Auguste Durand (1830-1909) 675
Le Mois 71,, 180, 186, 295, 581, 763
Voir plus loin en collaboration avec " Charles Malherbe ". — Douze Mélodies inédites de Moussorgski.
Landormy (Paul)
Le Mois 378, 478, 603
Laurencie (Lionel de la)
Bibliographie 213, 309, 817
Les Forqueray ............... 48
Le Mois ^ 189
Voir plus loin en collaboration avec " H. Prunières". — La jeunesse de Lull}'.
Lliurat (F.)
Lettre de Barcelone 4°°
L. M. Le Mois 89
L. N.
Bibliographie 3^8
Le Mois 393
Lyr (René)
Lettre de Bruxelles 9^, 202, 491
Musiciens belges : Charles Mêlant 785
M. A.
Bibliographie 892
Le Mois 198
Malherbe (Charles) et Laloy (Louis)
Douze mélodies inédites de Moussorgski 421
Margeon
Le Mois 84
Masson (Paul-Marie)
Le Mois . 189
TABLE DES ARTICLES 1909 5
M. D. Le Mois 85
M. O. Les Livres 974
Mutin.
Les Origines de l'Orgue ^00°
Nemo
Lettre de Hollande 94. 49°
Perrin (Edouard)
Le Mois 391
Pirro (H.)
Bibliographie • • TH. 817
P. M.
Le Mois 392
Prawiro (Sastro)
Préludes Javanais °39
Prod'homme (J.-G.)
Bibliographie 5^4
Prunières (H.) ET Laurencie (Lionel de la)
La jeunesse de LuUy ^34) 3^9
Publications récentes. Publications Récentes 100, 222, 328, 411, 504. 7i6, 819, 975
QUITTARD (H.)
Les Livres ...,......•••••• 97^
La première édition des messes de Du Mont ^59
RiNALDO
Echos 806
Ritter (William)
Lettre de Munich 878, 950
Le Mois • • • ^°46
Robert (P.-L.)
Lettres de Boieldieu (1830- 1834) 899, 996
Rolland (Romain)
A propos de quelques articles sur Richard Strauss S^S. 625
Le Mois 73, 184, 613
s. I. M.
RuDDER (May de)
Echos . . . . Sanctuaires de Musiciens
S. D.
Lettre de Lyon
Elektra à Dresde
Senne (Camille le)
Servières (Georges)
Charles Bordes.
8ii 856
488
204
878
Les Livres ................ 1050
Le Mois
Stephen HeUer, d'après un tableau du Musée du Louvre.
593 529
Société Française des Amis de la musique. (S. A. M.) 619. N° 7, III
Allocution de M. H. Roujon N° 7, V
Avantages réservés aux membres des Amis . . . . . . . , . N° 7, XI
Notre Enquête sur l'enseignement Musical, lettre de M. Bourgault-Ducoudray N° 10. III, N° 11. III Notre Enquête sur l'Enseignement Musical. Rapport de M. Guy Ropartz . . . N" 12, III L'Enseignement Musical dans les Ecoles Primaires . . . . . . . N" 8-9, III
Extrait des Statuts N° 7, XII
Nos Informations N° 10, VIII, N" 11, V
Lettre de M. Henri Fortis N" 8-9 VI
La Société der Musikfreunde de Vienne . N° 7 VII
Société Internationale de Musique
Assemblée générale du 28 Novembre 1908 Audition d'œuvres inédites de Moussorgski Séance du 12 Janvier 1909 Séance du 25 Mars 1909 . Séance du 30 Avril 1909 . Séance du 15 Mai 1909 . Séance du 15 Novembre 1909 . Sommaires des publications internationales Sommaires des recueils ....
StiÉvenard (E.)
Le Rythme
97 328 223
413 506 617 1056 820 412
123, 243
Sur l'orchestration
La Musique à Constantinople
Etude de Musique Orientale
Imag« d'vnfants (i«t Gabri«l Fabrc
Strauss (Richard)
Tchaian (Tigrane)
Thibaut (P.-J.)
Thomas (Louis)
225
443
354
45«
TABLE DES ARTICLES 1909
TiMOFEiEV (Grégoire) Les Concerts Belaiev à Saint-Pétersbourg ....
Trotrot (Albert)
Le Mois • • •
Udinb (Jean d') La Gymnastique Rythmique
690
80, 191 635
TABLE DES CROQUIS, DESSINS ORIGINAUX, DOCUMENTS PHOTOGRAPHIQUES.
ANNEE 1909.
Avranek (M.), croquis de G, Bils
Capoy (M™^), musicologue, croquis de LÉandre Délégués (les) Français au château du Prince A. Esterhazy à Kismarton (Congrès de photographie ........
Durand (Auguste), (1830- 1909), portrait ....
Fac-similé d'une lettre de Chopin à un ami
Galanteries amusantes de Chedeville le Cadet (Frontispice des)
Heller (Stephen), d'après un tableau de Gustave Ricard du Musée du Louvre
Indy (M. Vincent d') au Congrès de Vienne, photographie
Kismarton (à), photographies prises pendant le Congrès de Vienne
Massenet (M.), croquis de G. Bils .
Mêlant (Charles), portrait .
Méthode de Corette (Frontispice de la)
Nijinski (M.), croquis de G. Bils
Olmeda (D.-Fedei'ico), portrait .
Opéra (à 1'), croquis de G. Bils 112^^'», 328"", 51
Orchestre (un) Morvandiau, cl. de M. Desvignes
Or (L') du Rhin, à l'Opéra, croquis de G. Bils .
Orgues primitifs (pho.) .....
Pavlova (Mlle), croquis de G. Bils . . .
Petit (le) Vielleux, par Bouchardon .
Ravel, portrait par Ouvré. ....
Saison (la) Russe, croquis de E. de Krouglicoff .
Saatersaux de la Vielle dans leur position de réglage, photographie
Schuman- H einck et KruU (Elektra) (Mmes) dans Elektra au Théâtre de Dresde
Têtes de Vielles anciennes. ....
Vielle
Vielle de forme ancienne .....
Vielle du XV" siècle . ...
Vielle en corps de Luth de P. Louvet (1735) Vielle en gourde . . . . . .
Vielle en trapèze ......
Vielle plate .......
Vielleur bressan, phot. de B, Ferrand à Bourg . Vielleur de 1650 ......
Vielleur (le) du Pont-Neuf en 1760, par St- Aubin Vielleur en 1730 ......
Vielleurs modernes, cl. Berthaud frères à Paris. Vielleuse, par Leclerc .....
Vienne)
722"
756
592
484"'»
755 674''^»
-m bis
747
528^"
762
, 757 476«" 786"'" 853 587 420''^ 978""
723 1040
lOIO^"
591
734 1042'"'
558^"
725
204^"
731 827
729
754 728
730 730 730 829
739 751 743 828
749
s. L M.
1909
TABLE DES SOMMAIRES
Sommaire du N° i. — 15 janvier 1909.
R. Brussel . . . . . Lettres inédites d'Emmanuel Chabrier .
A. Van Bever. .... Le Cantique des Cantiques de Pierre de Courcelles
Lionel de la Laurencie . . Les Forqueray (suite et fin)
Lucien Greilsamer . . . L'hygiène du violon (suite) ..... LE MOIS par L. Laloy, Romain Rolland, J. E., C. D., Albert Trotrot, Margeon, M. D.
G. A., F. G., H. Guerin, L. M., H. de Curzon
René Lyr ..... Lettre de Bruxelles ......
Nemo ...... Lettre de Hollande . . . ■ .
Société Internationale de Musique, Assemblée générale du 28 Novembre ....
Publications récentes. .............
Nos Echos ...............
A l'Opéra, croquis d'album, par G. Bils ..........
13 48 67
71 9.2 94 97 100 102
112
big
R. Brussel Emile StiÉvenard . A. de Bertha . M.-D. Calvocoressi . Henri Quittard Henri de Curzon . Lucien Greilsamer.
Sommaire du N° 2. — 15 Février 1909.
Lettres inédites d'Emmanuel Chabrier (Suite)
Le Rythme .....
Ch. Valentin Alkan aîné
Les idées d'Edgar Poë sur la Musique
La première édition des messes de Du Mont
Ernest Reyer (1823-içog) .
Concours International de Lutherie
LE MOIS, par Louis Laloy, Romain Rolland, Paul-Marie Masson, L.L.L.,
Trotrot, J. E., G. A., H. Guerin, M. A
Intérim ...... Lettre du Havre.
René Lyr Lettre de Bruxelles
Camille Le Senne .... Elektra de Richard Strauss au théâtre
Mesdames Schuman-Heinck et Krull (Elektra) dans Elektra ....
Bibliographie, par J. E., A. de Bertha, Lionel de la Laurencie Publiciitions récentes ........
Société Internationale de Musique, Séance du 12 Janvier 1909 . Nos Echos
F. G., Albert
de Dresde
Sommaire du N" 3. — 15 Mars 1909.
Richard Strauss
Vincent d'Indy
Henri Prunières et Lionel de la
Laurencie. Emile StiÉvenard . G. Jean-Aubry.
Louis Laloy ....
Sur l'Orchestration Quatuor à cordes
La jeunesse de Lully ......
Le Rythme (Suite) ......
Claude Debussy et la Musique Française moderne en Angleterre .......
Années de Jeunesse ......
113 123
135
148
159 1.64
174
180 199 202 204
204bis 206 222 223 224
225
231
234 243
262 286
TABLE DES SOMMAIRES 1909
La Saison à Monte-Carlo
Henri de Curzon .
LE MOIS, par G. A., L. L.
Vivant Denon Revue de la Presse
Bibliographie, par Lionel de la Laurencie, G. Jean-Aubry, J. E., L. N., Michel Brenet Société Internationale de Musique, Audition d'œuvres inédites de Moussorgski. Publications récentes .............
A l'Opéra, croquis d'album, par G. BiLS
Sommaire du N° 4. — 15 Avril 1909.
La jeunesse de Lully (Suite) Etude de Musique Orientale Sermon Wagnérien Chopiniania
Henri Prunières et Lionel de la
Laurencie
P.-J. Thibaut
JE
Gaston Knosp
Fac-similé d'une lettre de Chopin à un ami
Lucien Greilsamer . . . . L'hygiène du violon (Suite) LE MOIS, par Paul Landormy, G. Allix, Edouard Perrin, P. M X. Marcel Boulestin . . . Lettre de Londres
F. Lliurat Lettre de Barcelone
Bibliographie, par Gaston-Knosp
Publications récentes .......
Société Internationale de Musique, Sommaires des-recueils Société Internationale de Musique, Séance du 25 Mars 1909 Nos Echos .........
Portrait de D.-Federico Olmeda . , .
Nécrologie. — D.-Federico Olmeda, par Henri Collet .
L. N
Sommaire du N** 5. — 15 MA1-1909.
Douze Mélodies inédites de Moussorgski Stendhal, Carpani et la vie de Haydn Joseph Haydn .... La Musique à Constantinople La Mémoire Polygonale et la Musique Images d'enfants par Gabriel Fabre Notes juridiques L'hygiène du violon (Suite) , M.-D. C, S. D. .
Charles Malherbe et Louis Laloy Michel Brenet A. de Bertha .
TiGRANE TchAIAN
M. Daubresse .- .
Louis Thomas .
Georges Baudin
Lucien Greilsamer .
LE MOIS, par J. E., Paul Landormy
M. Massenet, croquis de G. BiLS
Madame Capoy, musicologue, croquis de Léandre
Nemo
René Lyr
Vivant Denon ....
Bibliographie, par J. E., M. A., J.-G. Prod'homme . Publications récentes . . . . . .
Société Internationale de Musique, Séance du 30 Avril 1909 Nos Echos, par W. W. Cobbett, l'entr'aide artistique A l'Opéra, croquis d'album, par G. Bils ....
Lettre de Hollande Lettre de Bruxelles Reveu de la Presse
Romain Rolland ....
Stephen Heller, par Gustave Ricard (Musée du Louvre)
Georges Servieres ....
Sommaire du N° 6. — 15 Juin 1909.
A propos de quelques articles sur Richard Strauss
Portrait de Stephen Heller d'après un tableau du Musée du Louvre .....
Quelques notes de bibliographie Beethovénienne
La Saison Russe, croquis inédits d'E. de Krouglicoff
Jean Chantavoine ....
LE MOIS, par L. L., Georges Servières, Paul Landormy, Romain Rolland
M. Nijinski, croquis de G. BiLS . .,..,...,.
Mademoiselle Pavlova, croquis de G. BiLS . . . . . ,
M. Avranek, croquis de G, BlLS . ...
288 294 301
328
328 328""
329
354 364 370
372bis
375 378 396 400 410 411 412
413 414
42obis 420**^"^
421 430
439 443 449 458 463 473 476
476bis
484513
490
491
495 502
504 506 508
5I2''«
513
SaSbis
529
S58bis
559
581
S87 591
592
lO
s. I. M.
Société Internationale de Musique, Séance du 15 Mai 1909 Bulletin de la Société Française des Amis de la Musique . Nos Echos
Sommaire du N" 7. — 15 Juillet 1909.
Les Amis de la Musique
Allocution de M. Henri Roujon . . . . . ^
La Société des Muzikfreunde de Vienne (Lecture faite à la séance du 24 Juin par
M. J. Ecorcheville)
Avantages réservés aux membres des Amis de la Musique
Extrait des statuts ..............
Romain Rolland .... A propos de quelques articles sur Richard Strauss (Suite)
Jean d'Udine . Maurice Griveau . Lucien Greilsamer. Charles Bouvet
Qu'est-ce que la Gymnastique rythmique ? Impressions Musicales d'enfance et de jeunesse L'hygiène du violon (suite et fin). Essai sur l'état de la Musique en Angleterre aux XVr XVII° et XVIII" siècles ....
Portrait de Auguste Durand (1830-1909) .
Louis Laloy
Vivant Denon
LE MOIS, par Grégoire Timofeiev X. Marcel Boulestin .
X.-M. B
Henri Collet
G.-Jean Aubry
Bibliographie, par G. Allix, A. Pirro Publications récentes ....
Nécrologie. — Isaac Albeniz, par H. Collet Nos Echos ......
A l'Opéra, croquis d'album, par G. BiLS .
Auguste Durand (1830-içoçJ Revue de la Presse
Lettre de Londres Pelléas et Mélisande à Lettre de Madrid Lettre du Havre .
Covent Garden
Sommaire du N° 8-9. — 15 Août — 15 Septembre 1909.
Notice historique sur la Vielle
L'enseignement Musical dans les Ecoles Primaires Lettre de M. Henri Fortis .... E. DE Bricqueville ....
Un Orchestre Morvandiau, cliché de M. Desvignes
Sautereaux de la Vielle dans leur position de réglage .....
Vielle en corps de luth de P. Louvet (1735) ... ...
Vielle de forme ancienne .......
Vielle en gourde — Vielle plate — Vielle en trapèze . .....
Têtes de Vielles anciennes ........
Le petit Vielleux, par Bouchardon ......
Vielleur de 1650 ......... . .
Vielleur en 1730 ......... . .
Frontispice de, Galanteries amusantes, de Chedeville le cadet ....
Vielleuse, par Leclercq ........ . .
Le Vielleur du Pont-Neuf en 1760,, par Saint-Aubin .....
Vielle du XVe siècle , . . ' .
LE. . . . . . . .Le Congrès de Vienne. s délégués français aii château du prince A. Esterhazy, à Kismarton . A Kismarton ......... . .
M. Vincent d'Indy ........ . .
LE MOIS, par Louis Laloy
René Lyr Musiciens belges, Charles Mêlant
Portrait de Charles Mêlant. .........
Georges Baudin .... Notes juridiques
AmÉdÉe GastouÉ .... Un Congrès de chant Grégorien
Vivant Denon Revue de la Presse
Nos Echos, par Rinaldo, G. M., J. E., H. P., May de Rudder Bibliographie, par A. Pirro, L. de la Laurencie, G. — Jean Aubry Publications récentes .........
Société Internationale de Musique, sommaires des publications internationales
617 619 624
TABLE DES SOMMAIRES 1909
Sommaire du N" io. — 15 Octobre 1909.
Notre enquête sur l'enseignement Musical, lettre de M. Bourgault-Ducoudray Nos Informations
J. ECORCHEVILLE
E. DE Bricqueville .
Vielle . . , .
Vielleurs modernes, (cliché Berthaud frères, Paris) Vielleur bressan, (Phot, de B. Ferrand, à Bourg) Frontispice de la méthode de Corette .
Sastro Prawiro May de Rudder
Le Professeur Hugo Riemann Notice historique sur la Vielle
Préludes Javanais
Sanctuaires de Musiciens LE MOIS, par J. Ecorcheville, E. Ansermet, William Ritter, Henri Collet, J. D. Bibliographie, par J. E., M. A., M. Brenet
Sommaire du N" ii, — 15 Novembre 1909.
Notre enquête sur l'enseignement Musical, quelques documents nouveaux Nos Informations ...........
P.-L. Robert . . . . ,
L. Gandillot .....
J. Ecorcheville ....
LE MOIS, par Gaston Carraud
D'' F. Ingram-Bryan.
William Ritter
X. Marcel Boulestin
G.-Jean Aubry ....
Les Livres, par Henri Quittard, J. E., M. O
Publications récentes ....
Nos Echos
A l'Opéra, croquis d'album, par G. BiLS .
Lettres de Boieldieu {1830-1834).
Euterpe Ambigua ......
La Musique des Rois d' Angleterre de 1500 à 1700
Lettre du Japon . Lettre de Munich Lettre de Londres Lettre du Havre.
Sommaire du N" 12. — 15 Décembre 1909.
Notre enquête sur l'enseignement musical, rapport de M. Guy Ropartz sur l'art à l'école au congrès de Nancy ... ....
Servi ÈRES Charles Bordes .
P.-L. Robert Lettres de Boieldieu (1830-1834)
Mutin ...... Les origines de l'Orgue
Clarisse . . . ' . . Les Music-Hall .
A. GastouÉ L'édition vaticane
Le Mois, par G. Carraud, G. BarrÈre, W. Ritter . Les Livres, par J.-E., Servières, Dauriac .... Société Internationale de Musique, séance du 15 novembre
Orgues primitifs .,,.,. , . .
L'Or du Rhin à l'opéra, croquis de G, BiLS., . . . , .
Portrait de Ravel, par Ouvré . . . . ,
I I
III
VIII
823 827
827 828 829
83s
839 856 871
III ▼
899 919 930
939 946
950 962 968 971
975 976
978"»
III
987 996 1008 1018 1024 1036 1050 1056
loiobis
1040
1042 &tc
12 S. I. M.
ACTUALITÉ MUSICALE. — Sommaire du N" de Décembre 1909.
A nos lecteurs I
Théâtres et Concerts Paris 6
Rouen- . . . . . . . . . • . . . . 14
Nancy ............. 14
Bordeaux 14
Bruxelles 17
Anvers ............. 19
Vienne ............. 19
Berlin ............. 20
New-York 20
Jour et Nuit par Pierre Jobbé Duval 20
Notice historique du Hautbois par A. Bridei .......... 28
Le Mouvement de la lutherie ancienne ........... 30
Une Trompette à pistons datant de 1806 32
Les petites Inventions .............. 32
A Coup de Ciseaux ................ 32
Questions sociales et Intérêts professionnels par M. Daubresse 34
Les Musiques Militaires par H. de Curzon , . . . . 38
La Danse par Lefort. .............. 40
Bibliographie des nouveautés ............. 42
Nouveautés Musicales .............. 47
LETTRES INiiDITES D'EMMANUEL CHABRIER
M. Robert Brussel a bien voulu nous donner ces lettres inédites d'Emmanuel Chabrier, choisies parmi les nombreux documents qu'il « rassemblés déjà en vue d'un ouvrage sur la vie et les œuvres de ce grand musicien français. Etant les éditeurs désignés de cet ouvrage, nous serons reconnaissants aux personnes qui posséderaient des textes ou des souvenirs inconnus de nous en faire part.
LETTRE A PAUL LACOME
Cauterets, lundi (7 juillet iSfg).
Cher ami,
Quand venez-vous? On joue le Prophète au Théâtre du Parc, jeudi prochain. Voilà un éclat de rire que vous ne sauriez vous refuser, et rire à deux, voire même à trois, car C... viendra, c'est rire double, c'est rire triple, c'est s'écarquiller, c'est se fendre la mâchoire, se déboutonner le ventre, se taper sur les cuisses en remuant la tête, enfin le Prophète au Théâtre du Parc, c'est inénarrable, il faut le voir, il faut courir, il faut voler, traverser les gaves, escalader les pics, faire les choses les plus invraisem- blables pour contempler la plus invraisemblable de toutes — le Prophète au Théâtre du Parc ! — Je le sais, vous avez des bœufs à vendre et du vin à je
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ne sais plus quoi; C... m'a dit ça; il y a bien aussi probablement un Charles II dont le Figaro annonçait dernièrement la mise sur le chantier; néanmoins je vous supplie de faire tout votre possible pour abouler ici promptement, nous filerons le 28 ou le 29 courant. — Au fond je ne vais pas très bien: j'ai mon oreille, et un œil, le tout à gauche, qui me donnent de l'inquiétude. Serais-je hypothéqué? Eh là-bas! ça me déplairait ferme! enfin, je me soigne en homme légèrement frappé, ça ne peut pas faire de mal. Ma femme reviendra, je l'espère, radicalement guérie. C'est moi, le cas intéressant ! Ce que c'est que de nous !
Allons venez! le docteur trouve que vous vous enrhumez très faci- lement: il a quelque chose d'étonnant qui vous fera le plus grand bien! A vous cordialement.
Emmanuel.
LETTRE A MM. ENOCH ET COSTALLAT
San Sébastian, 20, Calle San Marcial, lundi 2 heures (1882). Mes chers amis.
Excusez-moi, je vous prie, de n'avoir pas répondu plus tôt à votre toute charmante honorée de l'autre jour, mais mes puces ne m'ont pas laissé un instant de tranquillité. Voilà huit jours que je passe à les chercher. On voit bien que vous ne savez pas ce que c'est que la puce de Guypuzcoa, je vais vous le dire; aussi bien c'est une occasion que vous ne retrouverez peut-être plus. La puce espagnole est éminemment patriote et émigré peu ; après les événements carlistes, auxquels elles furent vigoureusement mêlées, il en périt, hélas! un nombre considérable. Il y a eu du désarroi; il fallut se reconnaître; mais, vous n'imaginez pas (et c'est un exemple que nous devrions bien méditer) avec quelle rapidité, quelle merveilleuse entente, celles qui survécurent — il en restait pas mal — prirent le chemin du pays.
Elles ont, du reste, leur chant national, comme qui dirait leur Marseil- laise, c'est un 3/4 en fa majeur qu'un compositeur français, un nommé Berlioz, a introduit dans sa Damnation de Faust, comme il y avait du reste introduit aussi l'air national de Raccosky. La province de Guypuscoa étant une des plus fraîches de la péninsule, la puce y est un peu frileuse et recherche volontiers les plis de terrains, les endroits abrités, moites, à température d'étuve; elles ont un faible, et je le comprends, pour le corps de la femme; là, elles sont réellement à leur affaire. C'est surtout la femme grasse, les grosses dondons, qu'elles visent spécialement, ces gros corps retenus dans un corset où l'on pourrait donner des courses de taureaux, ces immenses derrières qui semblent des Krupps à longue portée, et encore le nombril, le bon vieux nombril perdu, le nombril en entonnoir, à forme de
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cratère. Elles sont généralement assez débauchées et je pourrais vous raconter des histoires à faire rougir la couverture de la collection Litolff.
Si vous êtes bien sage, je vous dirai ça une autre fois.
Merci donc pour les renseignements si précis que vous me donnez sur E... ; j'attends avec impatience le manuscrit de Gwendoline. Je vous prie aussi de remercier cet excellent K..., qui vient de m 'envoyer de la part de G..., un livret en trois actes d'une humeur massacrante. Vous recevrez dans les huit jours la musique de cet ouvrage et je compte sur votre obli- geance accoutumée pour le livrer immédiatement à nos premiers graveurs ; dimanche prochain, 6 courant, pendant que d'une main, vous tendrez l'arrosoir et que de l'autre vous enverrez des baisers à vos femmes, vers le coup de 4 heures de l'après-midi, nous serons tous aux taureaux. J'en rêve depuis huit jours ; il est peu probable que je prenne à ces courses une part active et directe, ainsi que j'en avais tout d'abord l'intention; mon idée était d'ahurir tout d'abord le taureau en lui présentant le manuscrit du 3" acte des Muscadins et de le foudroyer en lui chantant la 3^ valse; mais mon épouse n'est pas pour ces coups d'audace, elle dit que je ne suis qu'un rêveur.
Si vous voyez le directeur du théâtre de Port-Saïd, auquel M. de Lesseps m'a vivement recommandé, dites-lui bien que je compte lui remettre pour la Toussaint les deux premiers actes d'Arabi. Cet ouvrage sera le cou- ronnement de ma carrière, mon Parsifal. Après la première d'Arabi je me repose et je ne l'aurai certes pas volé.
Ah ! nous pourrons dire, tous les trois, que nous avons bougrement trimé ici-bas: C... surtout; il me fait positivement de la peine; pour lui, ni paix, ni trêve; dites-lui donc, mon Enoch bien-aimé, qu'en agissant ainsi il fîie le plus mauvais coton ; cet homme se lève à 8 heures, il prend le train, il va à pied de la gare Saint-Lazare à son bureau ; il n'est pas plus tôt arrivé, qu'il s'enferme pendant deux heures avec Ernest pour dépouiller la corres- pondance; son déjeuner est expédié en deux petites heures, risque à s'étouffer, et, alors que la digestion n'est point faite encore, que les aliments n'ont pas dépassé la luette, deux nouvelles heures d'un travail absorbant, terrible! Ernest ne saurait résister longtemps, mais c'est un détail, il n'est pas associé, il est garçon; il resterait encore pas mal d'Ernest, sans compter le vôtre, au souvenir duquel je vous prie de vouloir bien me rap- peler. Mais un père de. famille, un époux! la chose est grave. Embrassez-le pour moi et dites-lui de se ménager.
A vous quatre nous deux cordialement.
Emmanuel.
Et Lacome?
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San Sébastian, 20, Calle San Marcial, lundi 2 heures (1882). Chers amis,
La famille est arrivée hier sans encombres. Peu à peu, on va prendre ses petites habitudes et d'ici huit jours nous ne serons plus de faux Espagnols. San Sébastian est du reste légèrement cosmopolite et la couleur locale y est fort atténuée; néanmoins, ce n'est plus du tout la rue Rochechouart et les environs de Paris n'ont qu'à bien se tenir. Qui est-ce qui a dit qu'il n'y avait plus de Pyrénées? quelle est cette foutue bête? où est-elle? j'en ai là devant mes fenêtres une tranche énorme; c'est la toile de fond; l'Uruméa, rivière paisible, serpente mollement sous mes yeux et se jette, je devrais dire se glisse, s'infundibule dans la mer, mais là tout près, à i m. 50. Les femmes sont jolies, les hommes bien faits, et sur la plage, les senoras qui ont une belle gorge oublient souvent d'agrafer solidement leur costume; j'empor- terai désormais des boutons et du fîl. Rendre service c'est ma passion.
J'ai loué fort cher un maigre Aucher, et je me propose d'initier le maître de chapelle de la localité aux beautés non-pareilles de la Tétralogie, que j'ai fourrée au fond de ma malle, bien entendu. Je ne parle pas de Tristan, qui fait partie du costume.
Avez-vous vu E...? Où en est la confection défyiitive de Gwendoline?...
Je vais écrire au bon K... Savez-vous s'il a revu G...? Ça m'irait comme un gant de faire lestement trois actes de n'importe quoi ici; répon- dez-moi aussi à ce sujet. Si G... n'a pas encore la partition de \ Etoile. pourquoi ne la lui porteriez-vous pas vous-même, bras dessus, bras dessous avec K... ; qu'en dites-vous?
Nos meilleurs, nos plus affectueux compliments à ces dames, et à vous bien cordialement, mes bons amis.
Emmanuel,
Séville, 21 octobre (samedi) 1882.
Eh bien ! mes enfants, nous en voyons, des derrières andalous se tortiller comme serpents en liesse! Nous ne bougeons plus le soir des bailos flamencos entourés, tous deux, de toreros en costume de ville, le feutre noir fendu au milieu, la veste ajustée au-dessus des hanches et le pantalon collant dessinant des jambes nerveuses et deux fesses du plus beau galbe. Et les gitanas chantant leur malaguenas ou dansant le tango, et le manzanille que l'on se passe de main en main et que tout le monde est forcé de boire. Ces yeux, ces fleurs dans d'admirables chevelures, ces châles noués à la taille, ces pieds qui frappent un rythme varié à l'infini, ces bras qui courent frissonnants le long d'un corps toujours en mouvement, ces ondulations de la main, ces sourires éclatants, et cet admirable derrière sévillan qui se tourne en tous sens alors que le reste du corps semble immobile. — et tout cela au cri de olle, olle, anda la Maria! anda la Chiquita! Eso es! Baile la
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Carmen, anda! andal — vociférés par les autres femmes et le public! Cependant, les deux guitaristes graves, la cigarette aux lèvres, continuent à gratter n'importe quoi à trois temps. (Le tango seul est à deux temps.) Les cris des femmes excitent la danseuse qui, sur la fin de son pas, devient littéralement folle de son corps. C'est inouï! Hier soir deux peintres nous ont accompagnés et prenaient des croquis, moi j'avais mon papier de musique à la main ; nous avions toutes les danseuses autour de nous ; les chanteuses me redisaient leurs chants, puis se retiraient en serrant for- tement la main d'Alice et la mienne!!! Puis il fallait boire dans le même verre, ah ! c'est du propre ! Enfin nous ne nous en portons pas plus mal ce matin! — Mais là, vrai, je ne vois pas du tout Mme E... là-dedans! Et nous allons mener cette vie-là pendant un mois, jusqu'à Barcelone, en passant par Malaga, Cadix, Grenade, Valencia ! ! ! — Ah ! mes pauvres nerfs ! Enfin il faut bien voir quelque chose avant de claquer — mais, mes amis, celui-là n'a réellement rien vu qui n'a pas assisté au spectacle de deux ou trois Andalouses houlant des fesses, et en mesure aussi, également en mesure de anda! anda! anda! et les éternels claquements des mains: elles battent avec un instinct merveilleux le 3/4 à contre-temps, pendant que la guitare suit pacifiquement son rythme.
Comme d'autres battent le temps / de chaque mesure, chacune battant un peu à sa fantaisie, c'est un amalgame de rythmes des plus curieux — du reste, je note tout cela — mais quel métier, mes enfants! Courir les cathédrales (des splendeurs), voir les musées, se perdre dans les rues, visiteur tout, manger quatre à quatre, et se coucher à minuit — il y a des moments où nous sommes imbéciles! Pour un oui, pour un non, nous grimpons à cette sacrée Giralda, du haut de laquelle on a bien le plus beau panorama du monde; je connais le nom et le son de toutes les cloches, car le jeune sonneur est mon ami ; ses sœurs dansent dans un baile le soir et le jour montrent la cathédrale. C'est comme ça.
Des mendiants plein les rues et vous demandant avec la cigarette à la bouche et des allures pleines de majesté ; ils ne disent pas merci, ça leur est dû, paraît-il. Et toute la nuit, le sereno parcourt les rues, avec sa pique et sa lanterne et chantant d'une voix forte : Ave Maria purissima, etc.. ; cela signifie que la ville est tranquille, qu'on peut dormir. Il y a même une danse, intitulée le Sereno ; alors la danseuse imite ledit sereno et chante à tue-tête: Ave Maria purissima — et tortille du derrière. — Les théâtres sont détestables; le monde chic ne va pas aux bailes; quand il veut s'offrir ce spectacle, les danseuses viennent à domicile. Je vous écrirai dans une huitaine. On nous appelle pour déjeuner. Nous vous embrassons tous les quatre.
Emmanuel.
Et Lacome et sa femme, comment vont-ils? Je pense tout le temps à mon vieux Lacome.
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LETTRES A PAUL LACOME
9 septembre 1884. La Membrolle, par Mettray (Indre-et-Loire). Cher Ami,
J 'ignore si vous êtes avec Madame, s 'il faut lancer ce manifeste affectueux chez la mère C... aux forts tétons ou chez l'Espagnol de la rue La Fayette, qui a certainement beaucoup moins de tétons que la mère C..., et c'est regrettable, car ne remarquez-vous pas comme de nos jours l'hermaphro- ditisme se perd; je le disais encore ce matin, sur le mail, au brigadier de gendarmerie et turellement (( vous avez raison » me répondait le brigadier. Du reste, il ne comprenait pas. Mais laissons là la mère C... ; aussi bien c'est de la mère Boniface que je veux vous parler ou plutôt dont je désire que vous me parliez. Etes-vous satisfait de votre livret, de votre partition, de vos interprètes? J'ai vu la distribution dans le journal; elle ne me paraît pas vertigineuse. Je ne vois pas là-dedans des gens connus, aimés du public. Et Théo, qu'en pensez-vous? Je me fais une fête de vous voir un bon bout de temps, cher ami ; je serai chez Enoch et Costallat le jeudi 4, entre 5 et 6, — à moins que je ne sois rappelé à Paris avant cette époque. — Si vous saviez combien je vous souhaite un succès! mais je n'ai pas beaucoup de veine moi non plus, et je crains toujours un ex-voto sur le veston d'un ami, — si ça allait lui porter la guigne ! — Ah ! nous faisons là un joli métier! Moi j'écris des morceaux de piano à quatre mains; pourquoi faire, allez-vous me dire? Mais je n'en sais foutre rien, mon pauvre d'Estalenx, c'est idiot, je le sais bien, les E... n'en voudront même pas; celui-ci sera trop long — jamais trop court, par exemple, — l'autre trop difficile — jamais pas assez, — puis ce n'est pas pratique. Ce n'est jamais pratique, ce que je fais, et notez que s'ils lisaient ce passage, ils criailleraient comme deux coqs: « En voilà un salaud, nous éditons tout ce qu'il pond, nous lui répétons même qu'il ne pond pas suffisamment et ça se plaint; ah! mais il nous embête, le Chabrier ». Voilà ma vie, ma sacrée vie. Ah ! pour ce qui est de la j® valse, ça n'a pas traîné. Baudon l'avait cinq minutes après son arrivée. Eh bien! vous ne savez pas, j'ai idée que ça se vendra. Il y a peu de musique à deux pianos; les filles qui jouent sérieusement du piano (ai-je besoin d'ajouter qu'elles sont généralement laides) sont fichues de demander ça. Oh! ça se calmera — quand on les aura lues... Mais on ne peut pas toujours exécuter — mal du reste — la Symphonie en ré. Dame, ça n'est pas d'un pratique à outrance, mais ça l'est un peu. Dieu soit loué. Laus ad te domine!
C'est ce pauvre C... qui est à plaindre. Tout seul et tant de respon- sabilités! Pendant ce temps-là, E..., un feignant, prend du ventre à Etretat. Oui, tout seul, obligé de servir le client la bouche pleine, déjeuner dans la pièce à côté, là où on fait travailler T..., — cette pièce à côté où Monsieur Léon et deux employés présentent fiévreusement de la cire à cacheter à un bec de gaz portatif pour empaqueter Litolff. — C'a n'a l'air de rien, mon ami, cette pièce à côté; c'est le nid, c'est le magot, et c'est de là
LETTRES INÉDITES D'EMMANUEL CHABRIER ^
que tout part, c'est la pièce à bénir quand on se retirera ! Oh ! ne rions jamais de petits paquets qui partent!
Allons, trouvez entre deux béquets, cher ami, le temps de m 'écrire deux mots et présentez à la chère Madame Lacome l'expression de nos plus affectueux sentiments.
Votre très affectionné,
Emmanuel Chabrier.
Costallat ne doit pas être loin. Faites-lui quelques caresses de ma part, quelque chose de gentil.
La Membrolle, par Mettray (Indre-et-Loire), iq juin 1886.
Votre lettre, camarade, m'a ravi. Je jubilais dès l'enveloppe. Et, blague à part, j'allais vous écrire, comme on dit, je m'embêtais après vous. Les journaux, art, théâtres n'annonçaient rien, le temps se passait, je vous sentais loin de ce salaud de Paris où il n'y a pas de milieu pour nous comme pour le bourgeois — où, dis-je, nos pauvres bougres de nerfs, toujours tendus, me font l'effet d'une guitare dont une demi-douzaine de fous furieux pinceraient tous à la fois les cordes. — J'ai croupi pendant je ne sais combien de temps; il semble maintenant que ça veuille marcher, eh! bien ! ce n'est pas cela encore : il faut faire trois actes en trois mois, — je ne peux pas. — On vous laisse moisir des quinze ans, puis il faut les choses immédiatement, sans vous laisser le temps d'avaler. On s'échine, on fait de son mieux, puis un beau soir, c'est un beau four. Alors c'est le